Analyse

Diagnostic et prise en charge de la carence en fer chez l’enfant et l’adolescent

Mattiello, V., Schmugge, M., Hengartner, H. et al. Diagnosis and management of iron deficiency in children with or without anemia: consensus recommendations of the SPOG Pediatric Hematology Working Group. Eur J Pediatr 179, 527–545 (2020). doi : 10.1007/s00431-020-03597-5

La carence en fer est une des carences les plus courantes rencontrées par le pédiatre mais aussi par le médecin de l’adolescent, en particulier chez la fille. Dans nos pays développés, on pense que 8 % à 20 % des adolescentes ont une carence en fer. Les signes du manque de fer, qu’il y ait ou non anémie, sont très nombreux et résumés dans le tableau 1.

 

Que sait-on chez les adolescents ?

  • La carence en fer peut entraîner un impact sur la performance scolaire. Dans ce cas, la supplémentation est efficace pour améliorer l’attention, la concentration et l’apprentissage verbal.
  • La performance physique est impactée par le fer. Il existe une augmentation de la prévalence d’anémie chez les athlètes et une baisse des performances physiques a été décrite chez les adolescent·e·s avec carence en fer, qu’il y ait ou non anémie. Comparativement, chez les femmes adultes, une supplémentation en fer augmente les performances aérobiques des coureuses. Toujours chez l’adulte il a été montré une baisse de la fatigabilité musculaire après supplémentation.
  • Le syndrome des jambes sans repos a aussi un lien avec la carence en fer et on cherche dans ce cas à maintenir le taux de ferritinémie au-dessus de 50 mcg/l.

 

  • La PICA est une trouble des conduites alimentaires caractérisé par le désir compulsif d’ingérer des substances non alimentaires (terre, papier…). La physiopathologie n’est pas bien déterminée mais pourrait avoir un lien avec un déficit en fer.

Les facteurs de risque les plus courants de la carence en fer chez l’adolescent·e sont des apports insuffisants, une malabsorption ou une perte sanguine. Le diagnostic ne doit comporter que les examens suivants : NFS (Hb, VGM, CCMH, TCMH, hematocrite…), reticulocytes et ferritine. D’autres tests seront pratiqués seulement en cas de besoin spécifique.

 

Traitement

Il doit débuter par une augmentation des apports nutritionnels (tableau 5).

L’absorption du fer peut être augmentée par l’adjonction d’acide dans la nourriture tel que : acide ascorbique (orange, citron, pamplemousse) ou non ascorbique (pomme, raisin, pêches, framboises). Le tanin du café, thé, vin, les oxalates des épinards, rhubarbe et cacao, de même que les phosphates des sodas sont des inhibiteurs de l’absorption du fer. Il faut également toujours recommander une augmentation des apports en eau.

Le traitement par voie orale :

Le FE2+ (fer ferreux) : donner 2 à 3 mg/kg de fer élémentaire en une ou deux doses quotidiennes, en dehors des repas. À prendre avec un peu d’eau ou de jus de fruit. (Ex : Fumafer® ou Tardyferron®)

Le Fe3+ (fer ferrique) : donner 3 à 5 mg/kg de fer élémentaire en une ou deux doses quotidiennes, pendant le repas. Très peu utilisé (ex : Maltofer®) car moins bien absorbé.

La durée recommandée de ces traitement est de 2 à 3 mois. Certains recommandent, en cas de trouble digestif, d’alterner entre le Fe2+ et le Fe3+. Les auteurs font ensuite une longue explication des indications, contre-indications et évènements indésirables de la supplémentation en IV.

Au total, cette mise au point permet de mettre en lumière la grande fréquence de la carence en fer surtout chez l’adolescente. Elle explique clairement les impacts et les traitements possibles.