Endocrinologie

Adolescents transgenres vivants aux Pays-Bas : quels traitements et que sait-on de leur devenir métabolique à moyen terme ?

Claahsen-van der Grinten H et al. Gender incongruence and gender dysphoria in childhood and adolescence-current insights in diagnostics, management, and follow-up. Eur J Pediatr. mai 2021;180(5):1349‑57. doi:10.1007/s00431-020-03906-y

Cet article, écrit par plusieurs équipes néerlandaises et belge, offre une vaste mise au point sur la non congruence de genre, allant d’un rappel de la terminologie au devenir des jeunes adultes pris en charge, en passant par les facteurs étiologiques potentiels encore largement sous-estimés. Selon les auteurs, on parle de dysphorie de genre lorsqu’une personne ayant une non congruence présente une souffrance significative. Des études menées en population générale, 0,6-1,7 % des enfants et adolescents rapporteraient une non congruence de genre.

Pour la prise en charge, les auteurs exposent dans le détail l’approche et la trajectoire de soins qu’ils recommandent. L’entourage du patient est systématiquement impliqué dans le soin et chaque passage d’une étape à une autre est soumis à l’approbation d’une équipe pluridisciplinaire. Après une phase d’évaluation psychologique, le traitement est organisé en trois étapes :

  • traitement hormonal freinateur de « l’ancienne puberté » par des analogues de la GnRH de longue durée d’action en injection intra-musculaire,
  • traitement hormonal d’affirmation du genre de « la nouvelle puberté » par 17beta estradiol ou par testostérone
  • et enfin traitement chirurgical seulement lorsque le souhait est exprimé par la personne transgenre.

À noter que les auteurs fournissent un schéma d’induction d’une puberté transsexuelle et ainsi qu’un aperçu de de l’ensemble des chirurgies proposées.

La partie la plus intéressante est celle dédiée à l’état de connaissance actuel du devenir métabolique des jeunes adultes ayant reçu une intervention médicale précoce. On y découvre que le recul est aujourd’hui très limité, les données provenant de jeunes de 22 ans ayant reçu un traitement hormonal à l’âge de 15 ans. La baisse de densité minérale osseuse est plus marquée chez les femmes transgenres (passant de -0,8 à -1,4 Z score) que chez les hommes transgenres (passant de 0,2 à -0,3 Z score) en comparaison avec leurs pairs du même âge et du même sexe assigné à la naissance. Il existe une augmentation de la prévalence de l’obésité chez les femmes transgenres en comparaison avec les femmes cisgenres du même âge. Pour ce qui est des facteurs de risque cardiovasculaires (tels que la glycémie à jeun, le profil lipidique et la pression artérielle), les résultats sont similaires aux pairs du même âge. Il faudra encore être patient pour avoir des données à plus long terme.